Version française: l’Internet rend-il bête?
Je vous recommande fortement le livre
« The Shallows. » de Nicholas Carr.
Son texte est truffé d’anecdotes historiques et scientifiques captivantes qui amènent le lecteur à saisir et assimiler les concepts qu’ils exposent.
Toutefois, vous pouvez uniquement jeter un coup d’oeil rapide sur le résumé ci-dessous et laisser de côté son long texte nuancé.
(Note au lecteur : la traduction des extraits du livre est libre et non officielle.)
Qui joue dans mon cerveau?
Nicolas Carr a toujours été un grand utilisateur des nouvelles technologies. Il était accro aux nouveaux médias (blogue, Twitter, Facebook) et à la rapidité de la recherche sur l’internet. Pourtant, en 2007, Carr a eu l’impression désagréable que « quelqu’un ou quelque chose bricolait (…) son cerveau » (p.5). Il a commencé à s’inquiéter que son utilisation de l’Internet avait changé la façon dont son cerveau traitait l’information.
La pensée « Staccato »
Nicolas Carr et plusieurs autres blogueurs avaient remarqué qu’ils avaient de plus en plus tendance à parcourir rapidement et de façon très superficielle les textes qu’ils lisaient. De plus, ils perdaient patience lors de la lecture de longues dissertations nuancées. Nicolas Carr constate : « ma concentration commence à dériver après une page ou deux. Je deviens agité, et je perds le fil. Je commence à chercher quelque chose d’autre à faire (p.7). » D’autres blogueurs éprouvent la même sensation et l’un d’eux la décrit comme la pensée « staccato ».
“Nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées”
Nietzsche
Nicolas Carr plaide que le cerveau humain a changé au fil du temps avec les différentes innovations technologiques telles que l’alphabet, la cartographie, l’horloge mécanique, la presse, et l’ordinateur. Il ajoute que les découvertes récentes en neuroscience prouvent que les outils que nous utilisons redirigent nos circuits neuronaux et changent ainsi notre façon de penser et de travailler. (Les exemples qu’ils donnent sont fascinants.)
L’Internet: un autre tournant dans l’histoire
L’internet est une innovation technologique qui altèrera foncièrement notre cerveau. C’est un outil idéal pour la réassignation ses circuits. Nicolas Carr explique que l’internet apporte précisément le genre de stimuli sensoriels et cognitifs — répétitifs, intensifs, interactifs, addictifs qui peuvent entraîner une forte et rapide modification des fonctions et des circuits du cerveau (p.116).
L’esprit distrait du cliqueur de liens
Les hyperliens, l’interactivité, la recherche, le multimédia ainsi que la quantité d’information disponible sont les raisons principales qui attirent la plupart d’entre nous à utiliser l’internet. Ainsi, lorsque nous allons en ligne, nous entrons dans un environnement qui favorise la lecture rapide, la pensée distraite et l’apprentissage superficiel.
Il démontre comment l’Internet remplace l’esprit linéaire du lecteur de livre avec l’esprit distrait du cliqueur de liens. Il complète sur la façon dont l’Internet modifie la mémoire et le discernement des utilisateurs (p.177).
Les hyperliens: un exemple d’interruption
Contrairement à ce que l’on croyait, l’ajout d’hyperliens nuit à la compréhension et à la mémorisation de l’information. En ajoutant un lien hypertexte, nous encourageons les lecteurs à cliquer et à recueillir davantage d’informations provenant d’autres sources.
Le fractionnement de leur exposition au premier contenu, diminue la capacité du lecteur à vraiment comprendre l’information. De plus, en présence d’hyperliens le lecteur doit décider s’il y a lieu de suivre ce lien. Cette décision intercepte une partie de l’attention du cerveau et ainsi limite sa concentration et sa compréhension.
Google: une entreprise de distraction
Chaque clic que nous faisons sur le Web marque une rupture dans notre concentration. Et, il est très profitable économiquement pour Google que nous cliquions aussi souvent que possible. (p157). Une réflexion lente et concentrée du lecteur n’est donc pas dans l’intérêt de Google.
Ainsi, Google ou Facebook feront tout en leur pouvoir pour mettre l’accent sur l’immédiateté et la connectivité en fournissant un flux sans fin de mise à jour en temps réel. Par ailleurs, ils s’assureront de l’augmentation constante de la rapidité et de la pertinence des informations fournies. La seule façon de faire face à une surcharge d’information sera d’intensifier notre lecture superficielle et hâtive d‘extraits de textes de plusieurs sources.
Un esprit équilibré
Nicolas Carr observe que « Le développement d’un esprit bien équilibré exige à la fois une capacité de trouver et d’analyser rapidement un large éventail d’informations ainsi qu’une capacité de réflexion. (…) Le problème aujourd’hui est que nous perdons notre capacité à trouver un équilibre entre ces deux états très différents de l’esprit. Mentalement, nous sommes dans une locomotion perpétuelle ».
Est- ce que notre capacité de faire plusieurs tâches simultanément est véritablement un attribut positif?
L’efficacité vient-elle plus de notre capacité à contrôler notre attention et à maintenir notre concentration?